4 poèmes primés
Prix de la Présidence
Simon DIARD
pour De pièce en pièces
Bougie à la langue
Des porches
Des porches visités
Sans fin
Car il était là
Peut-être
Peut-être là croupissant dans le méandre sec
Marécage sec
Solitude
Solitude innée
Oubliée dessous
Toute dessous
Ensevelie
Toute
Brillante
De haine compagne
Quelque chose de fin et de brutal
Une tendresse dont nul ne sait se faire l’apôtre
Une souffrance qui a la pudeur d’être muette
L’un
L’ange a dit je t’aime-il mentait
L’un
Est parti sans se retourner sans revenir sur ses pas
L’hôte avait un sourire trop exigeant
On ne blâme pas les senteurs noires des jardins et pourtant
Tant d’amours y ont échoué comme des poulpes
(tout cela est inutile et ne porte pas de nom)
les horizons s’arrêtent – à ses pieds de vengeur
et quelque part un homme jouit
sans dériver dans les plis d’une aube éteinte
joie de n’être pas rompu aux sortilèges
joie de revenir de la lucidité
vous ne croyez à rien – cessez
cessez ces visages qui disent oui sans y songer
rien
n’est possible sans lui qui dort
qui dort
la parole est une argile qui coule et défigure
ta voix est méandre où se perdre
tes mots sont leur propre mensonge
et la pluie m’a touché les os.
Prix de l’UFR de Langue française
Alexis VILLAIN
L’ombre
Cachée
En ses yeux
Ne trouve plus
D’écho
Dans ce monde
Incrusté
De lui-même
Elle
L’orante désolée
La bouche sans parole
Béant
Comme gouffre
En pleine lumière
La sans cesse disparue
S’abîmant
Au regard
D’une femme
Qui d’elle emporte
Presque tout
-Comme
Si
Sa beauté
Passait
Dans le visage
D’une autre
Prix de La Traductière
Amélie PERRIER
Celui qui est assis au bord de lui même
Partira en voyage
Qui sait si comme Ulysse il se retrouvera au même point
Avec un autre visage qui sera son visage
Vois comme il court après lui-même sans jamais s’atteindre
Qu’il attende encore un peu
Qu’il dorme au milieu de l’âge
Qu’il ne craigne ni la vieillesse qui passera ni la jeunesse qui est passée
Oh il connaîtrait tout son poids s’il voulait bien savoir
Mais il est pris de vertige le cosmopolite
Il se devance et ne se conquiert point
Nul n’a été élevé si près de l’étrangeté
Il n’a pas voulu la métamorphose
Oh comme le nostalgique doit courber la figure
Puisque toujours il frôle la séparation.
Prix du service de l’Action culturelle et des Associations
Déborah HEISSLER
Mon enfant des étoffes d’acier tendre défilent
En bandes larges
Incendiant son visage je me suis arrêtée
J’ai regardé les grands arbres devant nous
Ecouté le froissement du vent
Dans l’intervalle des rameaux noirs
Un tableau ? Non
Aucun
Eparpillés des mots d’abîme d’espace en espace
Des prénoms qui me viennent à l’esprit
Parce qu’il fait froid sans doute
J’imagine cette moisson de cendre chaude
Martin Gertrude Hans et Henri
Les noces de Paul et Jeanne
Des flocons agglomérés
Sur leurs yeux
Clos Comme ils sont beaux
Ai-je pensé
Délicatement la main blonde
D’une jeune femme
Pressée sur la cloison d’une vitre
L’allégresse des fumées
Rousses s’élevant
Haut et loin
Au-dessus des quais
Peu de chose en fait rien
Qui ne puisse être dit
On déserte le compartiment
Les wagons lents
L’œil est fantasque le langage pénétrable
Comme emprunt de
Légèreté
Deleatur
Quelqu’un chantonne
En yiddish
La prière des morts